Association des amis de Darius MilhaudQui êtes-vous ?

Aix -en Provence, Eleni Cohen administrateur, France
Une association loi 1901 d'Intérêt Général ayant pour but de favoriser la connaissance et la diffusion de l'oeuvre de Darius Milhaud et de promouvoir plus largement la musique francaise du XXième siècle.

dimanche 13 novembre 2011

Parution d'une compilation consacrée à Darius Milhaud chez EMI RecordsLtd.

 CD1
La création du monde Orchestre national de France, Leonard Berstein direction
Concerto pour marimba,vibraphone et orchestre Peter Sadlo percussion,Sergiu Celibidache direction
Concerto pour violoncelle n°1 Janos Starker violoncelle, Philarmonia orchestra Walter Susskind direction
Le Boeuf sur le toit Orchestre national de France, Leonard Berstein direction

CD2
Six sonnets composés au secret Groupe Vocal de France John Alldiss
Sonatine pour flute Emmanuel Pahud flute,Eric Lesage piano
Trois chansons de la négresse Brigitte Fassbaender mezzo-soprano, Irwin Gage piano
Scaramouche Christian Ivaldi,Noël Lee piano

Saudades do Brasil (version pour orchestre) Concert Arts Orchestra,  Darius Milhaud direction
Suite française Orchestre Philarmonique de Monte-Carlo, Georges Prêtre direction



jeudi 22 septembre 2011

Françoise Choveaux,pianiste et compositrice française fait rayonner l'oeuvre de Darius Milhaud

                       

      
   

Originaire de Lille, ayant commencé tard son apprentissage musical, Françoise Choveaux doit le début de sa carrière à Robert Lannoy directeur du Conservatoire de Lille et à sa femme Lola Delwarde qui lui a légué tout son savoir pianistique avant de mourir. En même temps, elle suit des classes d’écriture et d’orgue avec Jeanne Joulain, élève de Marcel Dupré.Elle va ensuite à l’Ecole Normale de Musique de Paris dans la classe de Lélia Gousseau. Elle obtient une licence d’enseignement du piano.
Pour passer un cap, elle décide de partir aux USA suivre les cours de Léon Fleisher et  Lilian Freundlich au Peabody Institute de Baltimore. Peu après elle réussit aussi  le concours de la Juilliard School à New York  où  elle suivra les cours d'Eric Ewazen pour  la composition et de   Sacha Gorodnitski pour  le piano. Elle trouve là une université où tous les élèves doivent en plus des cours de musique suivre des cours de matières  générales comme la littérature, la sociologie, l’esthétique, les langues etc…  afin de leur éviter de devenir des musiciens incultes tout en développant  la dimension sociale et humaniste du travail professionnel et en  favorisant  leur insertion dans un monde complexe.
De retour en France, elle poursuit sa double carrière de pianiste et de compositeur. C'est Madeleine Milhaud, l'épouse de Darius qui lui suggère d’enregistrer l'intégrale de œuvres  pour piano de son mari en première mondiale. Elle grave ainsi trois CD nous offrant une interprétation magistrale de ces pièces trop peu connues, immédiatement récompensée par la critique et la presse internationale (19 de répertoire, 5 de Diapason, Choc du Monde de la Musique, 10/10 dans Fanfare).
C'est également Madeleine Milhaud qui l'exhorte à persévérer dans la voie de la composition.Connaissant les avis sans complaisance de cette dernière, Françoise Choveaux se donne la permission de devenir le  compositeur qu’elle est aujourd’hui avec plus de 170 opus à son catalogue. Ses œuvres sont aujourd'hui jouées dans le monde entier
Si Françoise Choveaux a employé dans ses œuvres la polytonalité elle ne le doit pas à Milhaud. Par contre elle avoue des affinités avec ce compositeur peut-être à cause du Brésil où des gens de sa famille ont vécu. « Dans le Quatuor à cordes  Brésilien, j’ai voulu décrire l’âme brésilienne, la saudade qui est un mélange d’une foule de sentiments :la joie, la naïveté, le désespoir, le fatalisme, la générosité. Je me suis aussi imprégnée de chansons populaires pour enfants et de rythmes brésiliens »,dit-elle à propos de son Op.101n°3. Elle  compose  aussi  une  Bossa novazinhas pour piano opus 124.
Elle a  écrit trois Saudades, trois trios à cordes en hommage à Madeleine Milhaud :
l’op. 42 Saudade n°1 et l’op. 47-48 Saudades n°2 et n°3
Mais c’est dans son opus 22 le  Mill’s Collège concerto  pour orchestre, du nom de cet établissement où Darius Milhaud a enseigné de nombreuses années qu’elle témoigne de son admiration au compositeur en utilisant la même composition d’orchestre que dans La Création du Monde. 
De mars 1999 à mars 2001, Françoise Choveaux est invitée par l’association Pour que l’esprit vive à l’Abbaye de la Prée (Académie musicale des Beaux-Arts) pour une résidence de création : elle y  puise une  force et une vitalité accrue.
 Elle entame alors un cycle important consacré à l’orchestre. Tout d’abord, en poursuivant sa série de trois symphonies pour cordes aujourd’hui connues et interprétées par plusieurs orchestres (Orchestre de Saint-Pétersbourg, Orchestre symphonique de Sao Paulo, Orchestre de la Prée…).
Elle écrit aussi une série de concerti : Le 21 septembre 2002, l’Orchestre Philharmonique de Lituanie a créé son Concerto pour violon n°1 avec le prodige Vilhelmas Cepinskis lors d’une série de concerts dans les principales villes de Lituanie (21 septembre 2002). 
En juin 2004, elle  crée son Concerto d’Hiver pour piano et orchestre à cordes avec Le London Primavera Orchestra. après la Symphonie Blanche pour orgue , orchestre à cordes et timbale (op. 100) , dès 2001 sa Symphonie Indigo, est inscrite au répertoire d’orchestres comme celui de Saint-Pétersbourg, ou l’ orchestre symphonique de Sao Paulo).C’est  le peintre Arthur Van Hecke dédicataire de sa Symphonie Indigo qui lui inspire ce titre, car Françoise Choveaux aime travailler en collaboration avec des écrivains , des peintres et des danseurs et mêler différentes disciplines en créant des partitions et des spectacles: écriture d’un conte musical pour enfants enregistré par Michel Bouquet, avec  l’écrivain Lily Gros dont c’est la troisième collaboration et  Jacob Vouters comédien elle crée   Les Milles et une pâtes  pour récitant, flûte, clarinette, 2 pianos, xylophone, harmonium, 2 violons, alto, violoncelle et contrebasse -  une œuvre «musico- culinaire » pleine de saveurs sur un texte de Lily Gros  avec la même orchestration que le Carnaval des  Animaux de St Saëns. Elle compose  une  musique pour un feuilleton radiophonique, Les Francs-comtoises, produit par Radio France.Elle collabore aux spectacles de la chorégraphe Odile Duboc, elle écrit  des  compositions pour des musées, au  Musée National de Reijavik en Islande elle se produit avec un programme de musique française lors d’une rétrospective André Masson, au LAAC Lieu d’Art et d’Action Contemporaine de Dunkerque elle donne un concert  autour des Estampes de Jacques Doucet, le CoBrA français, avec le peintre Matthieu Schmitt elle monte un spectacle sur le thème des insectes.
 C’est aussi en référence à la peinture que Françoise Choveaux parle de la musique de chambre  une de ses formes d’écriture préférée, particulièrement celle pour cordes qui occupe une place importante dans ses compositions « La richesse des sons et des coloris pour cordes est une découverte de chaque instant. Pour un compositeur, je pense que  le quatuor à cordes offre des  possibilités à l’infini comme peut le faire la palette d’un peintre ».

 Nous avons pu ainsi entendre cet été à Aix- en- Provence son très beau  quintette n°2 pour piano op.108 une œuvre poétique et forte à la fois .

Françoise Choveaux poursuit parallèlement sa carrière de pianiste en s’imposant comme une interprète privilégiée de la musique française et particulièrement de Darius Milhaud bien sûr.
À la demande d’organisateurs de festivals dans différents pays (Italie, Belgique, France, Brésil, Etats-Unis…), Françoise Choveaux  intègre dans ses récitals les œuvres qu’elle a écrites. Le 29 mars 2003, elle a créé au Carnegie Hall de New York son Poème pour violon et piano Hudson River, avec le violoniste Pierre Hommage.

Attentive à élargir l’audience de la musique partout  dans les endroits les plus reculés elle est  directrice artistique d’une association musicale européenne “Musiques en Eurorégion” et  des Cabardièses de Pennautier.


                                                                                        www.francoisechoveaux.com/                


 "Fondée en 2001, l'association des Amis de la Musique Française (AMF) regroupe des musiciens, mélomanes, musicologues que rassemble un même intérêt pour des musiques et des compositeurs aujourd'hui regrettablement oubliés ou peu joués"

                    
L'adresse de la page d'accueil du site : http://musiquefrancaise.asso.fr

lundi 6 juin 2011

Lire,voir et entendre au sujet de Darius Milhaud



Bibliographie   (sélection) : 
- ENTRETIENS avec Claude Rostand, musicologue,
      recueilli par la Radiodiffusion française (1952) Ed.  ZURFLUH  (1998)
- MA VIE HEUREUSE, éd. du 25ème anniversaire de la disparition de D.M. - complété par le catalogue de ses oeuvres Ed. ZURFLUH  (1999) 
- NOTES sur Erik Satie (1946) dans   NOTES  sur la musique, Paris, Flammarion (1982)
- CORRESPONDANCE 1912-1953 Paul Claudel - D. Milhaud  (Gallimard (1961)
-CONVERSATION CORRESPONDANCE 1918-1974 Madeleine et Darius Milhaud,Hélène et Henri Hoppenot (Gallimard 2005)
-MON XXème SIECLE Madeleine Milhaud  co-édition France Musiques/Bleu Nuit éditeur (2002)

sur Darius Milhaud : 
- Darius Milhaud, par Georges Beck (1949) 
- Darius Milhaud, par Jean Roy - éd. Seghers (1968) 
- Darius Milhaud, par Paul Collaer  -  éd. Slatkine,  (1982) 
- Catalogue des oeuvres de Darius Milhaud, par Madeleine Milhaud
      éd. Slatkine (1982) 
- Mon ami Darius Milhaud, par Armand Lunel -  éd. EDISUD  (1992)
-Portrait(s) de Darius Milhaud, sous la direction de Myriam Chimènes et de Catherine Massip éd. BNF (1998)
Manuel Vasquez Montalban Le pianiste éd.points (où Milhaud devient personnage de roman)

Radio/TV : 
- "Les enfants du siècle" par André Gilot
- Entretiens avec Madeleine Milhaud", par Mildred Clary 
Films documentaires : 
- archives INA
- D. Milhaud et sa musique, de la Provence au monde, par
      Cécile Clairval-Milhaud  (Arte - (2010) 
Discographie : 
- Scaramouche, op. 165 / Songes/ Le boeuf sur le toit / le Bal  martiniquais / Carnaval à la Nouvelle-Orléans... pour 2 pianos c/o Hyperion 
- Carnaval d'Aix / Carnaval de Londres... New London Orchestra
      et Jack Gibbons, piano  c/o Helios 
- Fantaisie Pastorale / Carnaval d'Aix / Scaramouche / Libertadora pour 2 pianos
      par Isabelle et Florence Lafitte   c/o Alphee 
- La Création du monde / Le Boeuf sur le toit / Suite provençale /
      L'Homme et son désir, op.48  ... Orchestre National de Lille, avec
      Jean-Claude Casadessus  c/o Naxos
-La Création du monde/Suite pour violon,clarinette et piano/Sonate pour deux violons et piano/Saudades do Brasil
     par Eric Le Sage piano,Paul Meyer clarinette,Tedi Papavrami violon,Christophe Gaugué alto et François Salque violoncelle  c/o RCA red seal 
-Darius Milhaud  Intégrale des oeuvres pour piano Françoise Choveaux piano c/o Saphir Production
- Darius Milhaud La Muse Ménagère op.245(1945,Ext.)





Alexandre Tharaud,piano et Madeleine Milhaud,diction 1995 c/o  NAXOS 8.553440



-Darius Milhaud conducts Milhaud :Suite française/Concerto pour piano et or chestre/Concertino de Printemps(2versions)/Concerto de violon N°2Scaramouche Marguerite Long piano,Louis Kaufman Violon ,Yvonne Astruc Violon orchestre philarmonique de New-York,orchestre National,membres de la Radiodiffusion française c/oDutton

-Darius Milhaud :suite pour violon clarinette et piano/Scaramouche et sonate n°2pour violon
Jean-Marc Fessard clarinette :Frédéric Pélassy violon/Eliane Reyes piano(enregistrement dédicacé à G.Cziffra et J.Bondon) c/o Naxos

-Darius Milhaud : 6 petites symphonies/Le Bœuf sur le toit /l’homme et son désir/Concerto n°2 pour piano et orchestre/Suite cisalpine/Concerto pour percussion et petit orchestre/Concerto n°1 pour violon et orchestre/La Muse ménagère/Le Carnaval d’Aix pour piano et orchestre Milhaud dirige l’orchestre de radio Luxembourg  c/oVox Music 2 CD

-Darius Milhaud : les deux concerti pour violoncelle et orchestre et suite Cisalpine
Mark Drobinsky Violoncelle Ekaterinburg orchestra Dimitri Liss

-
Darius Milhaud :4 poemes de P.Claudel op.26/Les soirés de Petrograd/Poeme du journal intime de Latilop.73/Quatuor à cordes n°6,7et8   
Fanny Mendelssohn quartet ,Rudolf Jansen piano,Maarten Koningsberger Baryton Friedman Kupsa violoncelle  c/o Trouba disc

Pour plus d'information sur la discographie aller sur  l'excellent site de C laude Torres:
http://claude.torres1.perso.sfr.fr/Milhaud/MilhaudParMilhaud.html

dimanche 22 mai 2011

BIOGRAPHIE DU COMPOSITEUR




« Musicien français de Provence et de religion israélite » comme il aimait se définir, Darius Milhaud est un des grands compositeurs du XXème siècle qui a su à travers et par sa musique faire une synthèse particulièrement harmonieuse de cultures très différentes, constituant ainsi un exemple d'une modernité étonnante incarnée entre autre par la polytonalité.

Né le 4 septembre 1892,à 14 heures à Marseille,3 place Saint Ferréol au sein d’une des plus vieille famille juive du Comtat Venaissin c’est à Aix en Provence qu’il passe son enfance, au Logis du Bras d'Or, demeure familiale et usine de traitement d’amandes dont son père était négociant. Inscrite au titre des Monuments Historiques cette maison imposante appartient depuis 1973 à la Ville d'Aix.
Fils unique d’un couple de musiciens amateurs(son père fonde la Société Musicale d’Aix en Provence, et sa mère, Sophie Allatini chante les chants traditionnels juifs), Darius Milhaud montre des dons précoces pour le violon et la composition qu’il étudie à Aix en Provence. Très jeune il se lie d'amitié avec Armand Lunel qui composera plus tard des livrets de ses opéras comme en 1925 Esther de Carpentras ou les Malheurs d’Orphée . En 1909 Darius Milhaud est admis au Conservatoire de Paris où il est élève de Gedalge, Widor et Dukas . Plusieurs jeunes musiciens, dont Jacques Ibert, Georges Auric Arthur Honegger ...y deviennent aussi ces amis.
Dès 1910, il compose des mélodies sur des poèmes de Francis Jammes, puis (en 1913) de Paul Claudel qui lui passe commande afin d'écrire la musique d'Agamemnon. TI a 21 ans, mais de cette rencontre naîtra une grande amitié et une longue collaboration avec Claudel qui, plus tard lui proposera de l'accompagner au Brésil où il est nommé Ambassadeur de France, en novembre 1916.Atteint de rhumatismes qui le feront souffrir toute sa vie au point de se retrouver sur un fauteuil roulant Darius Milhaud sera réformé et ne connaitra l’horreur de la guerre que par la mort de son ami d’enfance et poète Léo Latil, tué au front en 1915.Affecté gravement par cette nouvelle Darius compose à sa mémoire un Quatuor à cordes, avec chant (sur des poèmes de son ami), juste avant son départ pour le Brésil comme secrétaire d’ambassade.
Claudel et Darius Milhaud resteront au Brésil jusqu'à la fin de la guerre, période qui marquera durablement le compositeur : rythmes et ambiance tropicale, sons de la forêt amazonienne ... C'est là, qu'il a trouvé son style, un langage musical nouveau qui l'a amené à explorer les principes de la polytonalité. A son retour il écrira les fameux Saudades do Brasil. Avant de retrouver la France, Milhaud fait un détour par la Martinique et New York, voyage également marquant pour la suite de son œuvre puisqu’il y entend entre-autre du Jazz pour la première fois.
Revenu à Paris en 19Après la création de la cantate Le Retour de l'enfant prodigue, il compose successivement l 'Homme et son désir, un ballet qui sera créé par les Ballets suédois en 1921, la Sonate pour piano,flûte, clarinette et hautbois, son Quatrième Quatuor à cordes. il entreprend aussi la série des Petites Symphonies pour orchestre de chambre et s'attaque à la création d'un opéra.Il compose aussi des musiques de film activité qu’il poursuivra toute sa vie.
. A Paris, il participe aux activités du Groupe des Six; s'en suivent des œuvres telles que Le Bœuf sur le toit (ballet, 1919), Catalogue de fleurs (1920),reflétant gaieté, humour, lyrisme et amour de la nature et Les Mariés de la Tour Eiffel sous la houlette de Cocteau  et de Satie avec lesquels il fait partie aussi du Mouvement des Nouveaux Jeunes.
Dans son œuvre foisonnante, abordant toutes les formes musicales (c’est la production la plus prolifique de toute l’histoire de la musique), signalons encore un ballet "jazzy" très connu La Création du monde sur un argument de Blaise Cendrars, créé en 1923 par les Ballets suédois, dans les décors de Fernand Léger. D'autres ballets furent écrits: Salade et le Train bleu, ainsi qu'un opéra de chambre : Les Malheurs d'Orphée. En 1925, Darius Milhaud épouse sa cousine, Madeleine Milhaud, mariage qui fut suivi d'un grand voyage autour de la Méditerranée, puis en Russie et à nouveau aux USA, enrichissant encore son activité créatrice et ses contacts humains nombreux sur tous les continents Leur fils, Daniel, verra le jour le 9 février1930.
Darius compose un opéra minute Le Pauvre Matelot, sur un livret de Jean Cocteau, puis un grand opéra Christophe Colomb, sur un livret de Claudel qui créé en 1930 à l’opéra de Berlin connait un succès triomphal. Milhaud compose d’autres musiques de scène puis La Suite provençale (1936) et Scaramouche (1937) une de ces partitions les plus connues. Suivront encore Les Quatrains valaisans et La cheminée du Roy René (1939), puis le Voyage d'été (1940).
Mais la période de paix et de bonheur touche à sa fin ... Inscrit à la fois par les Nazi sur les deux listes noires de Juif et de compositeur d’ « Art Dégénéré », il doit quitter le vieux continent  et après l'armistice de 1940, s'embarque avec sa femme et son fils pour les Etats-Unis où il avait donné des concerts en 1922. Au Mill's College d’Oakland en Californie, une chaire de composition et un logement lui sont proposés. Pendant sept ans, il composera là un nombre impressionnant d'œuvres, dont Bolivar, La Suite française, le Service sacré , la Muse Ménagère dédié à Madeleine qui non seulement s’occupe de tout le quotidien mais tient aussi le rôle de récitante dans ses œuvres (Elle est comédienne).Ensemble ils seront une cheville ouvrière du Festival annuel d'Aspen (Colorado) .
.1
De retour en France, Darius est nommé en 1947 professeur de composition au Conservatoire de Paris où il a Betsy Jolas et Gilbert Amy entre autres pour élèves. Il continue aussi ses va- et- vient pour enseigner aux USA jusqu’en 1971.Là Philip Glass, Dave Brubeck, Steve Reich suivent ses cours.
Entre 1952 et 1962, il écrira près de 70 œuvres, dont certaines à la mémoire des déportés et, pour célébrer le centenaire de la fondation de la Croix-Rouge, la Cantate de la croix de charité.
Malgré un long épisode de santé défaillante, Darius continuera à écrire jusqu'à sa mort, le 22 juin 1974, à Genève,
En 1967, à Aix-en-Provence, une plaque fut posée sur sa maison natale, en présence du compositeur et en 1971, la Ministère des Affaires culturelles lui décerna la Grand Prix national de la Musique. Il sera reçu à l'Académie des Beaux-Arts, l'année suivante.
A l'issue d'une vie heureuse et magnifiquement remplie, Il repose à Aix-en-Provence, de retour auprès de "sa source" où l'a rejoint son épouse, Madeleine Milhaud, décédée à 106 ans, le 17 janvier 2008.

lundi 21 mars 2011

BETSY JOLAS au Conservatoire d'Aix-en -Provence


Le Conservatoire d'Aix en Provence 
et 
l'Association des Amis de Darius Milhaud
accueillent une grande Figure de la Musique
du XXe siècle




Mardi 5 avril 2011

14 h - 17 h Rencontre - Débat
18 h - 20 h Concert - Lecture
Laurent Camatte (alto)
Géraldine Dutroncy (piano)


Entrée libre dans la limite des places disponibles
Conservatoire Darius Milhaud-3 rue Cabassol 13100 Aix-en-Provence




mercredi 16 mars 2011

"Patrimoine vivant / Compositeurs aixois, XVIIe - XXe siècle"

Conférence illustrée de Guy Laurent :


Mardi 22 mars à 18 h 30

Salle Mazenod (Les Oblats), 2 bis, rue d'Italie 13100 Aix-en-Provence


Au-delà du collège "Campra", de la rue "Félicien David", du conservatoire "Darius Milhaud" ... quelle est aujourd'hui la présence musicale de ces compositeurs aixois dans leur propre cité ?

Dans une ville d'héritage visible comme la nôtre, quel peut être le rôle de chaque "partie prenante" (propriétaires des partitions, spécialistes, interprètes, collectivités, public ...) afin que le patrimoine immatériel (avec la musique comme exemple) occupe également sa place légitime ?

A l'aide de documents sonores, Guy Laurent évoque quelques grands noms (Poitevin, Campra, Gilles, Pelegrin, David, Milhaud, Villette ...) en rappelant l'emprunte de ces figures remarquables sur l'identité culturelle d'Aix-en-Provence.

         


                                                                                         Entrée libre

RENSEIGNEMENTS : 



Les Festes d'Orphée

2, montée du château
13880 Velaux

04 42 99 37 11

www.orphee.org


lundi 7 mars 2011

Darius Milhaud, compositeur provençal 

vendredi 29 octobre 2010, par La Chourmo dóu couleitiéu

Darius Milhaud, l’un des compositeurs français du XXe siècle les plus représentatifs et les plus prolifiques, n’a jamais renié la Provence, son pays natal ; mieux, il y a puisé une grande partie de son inspiration. Cependant, et bien que son nom figure depuis longtemps au fronton du conservatoire d’Aix, sa ville, on pouvait déplorer qu’il n’ait été joué chez lui qu’épisodiquement. On verra que l’on s’emploie depuis peu à réparer cette injustice.
Nous lui rendons un bref hommage avec un article de Micheline Ricavy et une conversation avec Robert Milhaud, parent du compositeur et ardent défenseur de son œuvre. M.G.

DARIUS MILHAUD, COMPOSITEUR PROVENÇAL

Une enfance provençale
Je suis méditerranéen, mais d’une Méditerranée allant de Constantinople à Buenos-Aires dont Aix en Provence est la capitale ! Cette profession de foi est bien digne d’un Provençal dont l’attachement au pays va toujours de pair avec une ouverture sur le monde. Né à Marseille par accident en 1892 c’est bien à Aix qu’il a passé toute son enfance. Il était le fils unique d’un négociant en amandes. Ses parents, issus d’une très vieille famille juive du Comtat Venaissin installée dans la maison du Bras d’or, place Niollon à Aix, étaient très favorables à la musique et la pratiquaient en amateurs. Leur fils devait leur succéder, mais comme il se montrait très doué, ils ne l’empêchèrent pas de préparer une carrière de musicien. Ils le confièrent à Bruguier, un bon violoniste aixois. Il fit ses études secondaires au lycée Mignet, où il se lia avec Léo Latil, de la grande famille de médecins aixois, et avec Armand Lunel qui sera un écrivain apprécié.
Il entra au Conservatoire de Paris en 1909, mais toutes les vacances le ramenaient à Aix et à de longues promenades avec ses camarades. « Nous nous promenions souvent ensemble, vers l’étang de Berre, où la molle courbe des collines s’estompe devant la vaste plaine, au seuil de laquelle se trouvait Le Jas de Bouffan. Nous ne nous lassions jamais de traverser les champs de blé, tout bleus au printemps, bordés d’amandiers en fleurs. Nous allions parfois jusqu’au Malvallat, propriété des Latil aux Granettes. » Avec Armand Lunel, il allait plutôt vers la Sainte Victoire, « son plateau sauvage et sa campagne muscade… » Leurs promenades leur permettaient de retrouver les paysages de Cézanne, disait-il.

Premières œuvres

Très jeune, il commença à composer des musiques très originales qui faisaient dire aux amis de son professeur de violon : « Crénom ! C’est épicé ! » Les bruits familiers des ateliers de son père et ceux de la nuit dans le parc l’inspiraient. Un peu plus tard, il découvrit la Camargue qu’il évoqua dans un opéra, Les Saintes Marie de la Mer, achevé dans l’année de ses 15 ans. Il n’en reste qu’un passage pour l’orchestre, Poème sur un cantique de Camargue.
L’époque était mouvementée et tragique, mais le jeune aixois garda une vision du monde optimiste sinon joyeuse, sans doute grâce à ses racines provençales. Depuis des millénaires, le bassin méditerranéen a vu des civilisations extraordinaires naître, s’épanouir, disparaître sans perdre ses caractères dominants : le parler clair et sobre, la simplicité, l’aisance, tout à fait opposés aux excès romantiques et grandiloquents des pays du nord. Milhaud réussit à maintenir cette tendance dans un grand nombre de ses œuvres, en particulier celles d’inspiration provençale.
Quand la guerre éclata en 1914, il n’avait pas fini ses études musicales mais il avait déjà composé sur des textes grecs d’Eschyle, Agamemnon, les Choéphores traduits par Paul Claudel. La rencontre avec l’écrivain lui fut d’ailleurs d’un grand bénéfice car, de trente ans son aîné, il apporta au jeune Provençal sa grande culture et son désir de renouveler l’art théâtral. Il put grâce à lui, faire un séjour de 2 ans à Rio de Janeiro. Il confia plus tard à l’un de ses amis : « Les tropiques m’ont marqué profondément… Ils ont exalté en moi toute ma latinité naturelle…. ». Il en rapporta des airs de samba, de biguines, de maxixes, de calypsos, des rythmes que l’on retrouve ici ou là dans ses œuvres, en particulier dans sa pièce célèbre Le Bœuf sur le toit qui date de son retour à Paris. A cette époque il reprit quatre chants traditionnels connus de tous en Provence : Se Canto, Magali, L’Antòni, Le mal d’amour, et les recréa pour chœur et orchestre

Première maturité

En 1924, le danseur chorégraphe Leonide Massine lui commanda une musique pour Insalata, un vieux sujet de la Comedia dell’Arte, dans lequel les masques traditionnels, Polichinelle, Cinzio, Rosetta et leurs comparses improvisent farces et pitreries. Milhaud le méditerranéen pouvait-il refuser ? Il puisa dans le patrimoine italien, dans sa récolte de vieux airs entendus en Sardaigne, dans ses souvenirs du Corso aixois : « Je m’inspirai de musique italienne ancienne que Massine m’apporta, et j’utilisai quelques thèmes de sérénades que j’avais recueillis en Sardaigne. Je conservai le titre, Salade, et fis un ballet avec chants. » De l’Italie à la Provence, il n’y a qu’un pas que Milhaud franchit allégrement. En 1926, il fit un arrangement pour piano et orchestre des principaux airs du ballet et l’appela Le Carnaval d’Aix. L’œuvre se termine dans la vitalité d’une joyeuse farandole où le piccolo fait office de galoubet. Elle rencontra très vite un grand succès au concert, et de nos jours, reste une des œuvres de Milhaud les plus jouées et enregistrées.
A la même époque, Milhaud reprit avec son ami Armand Lunel le mythe antique d’Orphée et le transposa en Camargue. Lunel a transformé Orphée en un rebouteux capable d’apprivoiser et de soigner les animaux sauvages. Sa femme Eurydice est une bohémienne des Saintes Marie. Une morsure de serpent la tue. L’histoire tragique est racontée dans un opéra, Les Malheurs d’Orphée, mal accueilli par la critique, mais très remarqué de compositeurs comme Maurice Ravel. Avec Lunel également, il composa un petit opéra-bouffe, Esther de Carpentras, d’après une légende juive, dans lequel les scènes comiques alternent avec les sermons édifiants.

Suite provençale

En 1936, on lui commanda la musique de scène pour une pièce de Valmy-Baïsse, Bertrand de Born, destinée aux Chorégies d’Orange. Pour cette composition, il eut recours à des airs pris dans l’opéra Tancrède du Provençal André Campra (1660-1744) et à ceux qu’il avait déjà composés pour Le Trompeur de Séville de Tirso de Molina. Le monde du soleil, des tambourinaires, des farandoleurs est admirablement évoqué. En 1937, l’opéra de Paris lui demandant un nouveau ballet pour l’Exposition Universelle, il reprit sept fragments de Bertrand de Born pour en faire la Suite provençale, un magnifique hommage à Campra et à la musique de Provence. L’œuvre fut créée à la Biennale de Venise en 1937.
En 1939 il fut chargé de l’illustration musicale d’un des trois épisodes du film Cavalcade d’Amour, une fresque cinématographique due à Raymond Bernard évoquant le XVe siècle et la cour du Roi René. Les autres épisodes étaient signés Arthur Honegger et Roger Désormières. Le film n’ayant guère rencontré le succès il en tira une suite pour quintette à vent qu’il intitula La Cheminée du Roi René du nom d’une ancienne promenade d’Aix au XVe siècle, située en contrebas du cours de la Trinité et où on pouvait se chauffer gratuitement… au soleil. Ce quintette à vent est actuellement l’un des plus souvent joués.

Séjour en Amérique

En 1940, devant l’avancée du nazisme Milhaud quitta la France pour les Etats-Unis. Son renom de grand musicien lui permit d’obtenir un emploi de professeur au Mills College à Oakland. Parti sans la moindre partition, il dut écrire pour ses élèves des œuvres nouvelles dans lesquelles la France et la Provence sont souvent évoquées. La pièce symphonique Un Français à New York est le pendant de Un américain à Paris.
Dans la Suite française, les grandes régions de France sont représentées par des thèmes folkloriques très identifiables. La Provence est figurée par un tambourin dans lequel on peut reconnaître entre autres thèmes le noël de Saboly Sant Jóusè m’a di.

Après la guerre

L’inspiration provençale de Milhaud ne se tarit pas. A son retour, la ville de Menton le sollicita pour célébrer la fête annuelle des citrons. Avec son ami Armand Lunel, il inventa une courte pièce, Barba Garibo, composée d’un texte entrecoupé de chansons traditionnelles de la région de Menton et d’un intermède dansé intitulé La cueillette des citrons. Il en tira plus tard une Suite de Chansons mentonnaises destinée au concert.
Ouverture méditerranéenne pour orchestre, une de ses plus belles œuvres d’inspiration méridionale est écrite en 1954. C’est une commande américaine dans laquelle il a jugé bon de placer plusieurs éléments de l’art français : une forme rigoureuse en 3 parties sans développements inutiles, un lyrisme discret, des thèmes très chantants, des contrastes de nuances, et bien sûr les joyeuses notes stridentes du piccolo/galoubet sur des rythmes de danses provençales.

Si l’on veut aller plus loin

Le langage musical de Darius Milhaud utilise jusqu’à ses extrêmes limites le procédé de la polytonalité, soit, schématiquement, la superposition de tonalités différentes jouées ensemble. Certaines de ses œuvres peuvent donc apparaître comme quelque peu expérimentales. Cependant, celles d’inspiration provençale et méditerranéenne sont toutes aisément abordables. Pour une première approche on pourra donc écouter La Suite Provençale, La Cheminée du Roi René, La Suite Française, et, pour l’inspiration exotique : Le Bœuf sur le toit, Scaramouche ou Le Bal Martiniquais.

Micheline Ricavy